Pesticides et matrices apicoles

Les abeilles sont exposées à de nombreux dangers qui peuvent individuellement leur nuire, mais le caractère global du déclin des populations d’abeilles suggère plutôt un effet « cocktail » de différents facteurs.

Parmi les causes de mortalité on retrouve des prédateurs, de nombreux virus, bactéries et champignons pathogènes.
L’Homme par ses pratiques tant apicoles qu’agricoles, notamment par la dispersion de substances phytopharmaceutiques, marque aussi fortement de son empreinte l’environnement des abeilles.

« Détection et dosage de pesticides dans des produits apicoles »

C’était le sujet de thèse soutenue par Eliès ZARROUK, le 27 novembre dernier à la faculté de Pharmacie de l’Université de Limoges, pour son diplôme d’État de Docteur en Pharmacie.
Après la très brillante restitution de ses travaux, le jury présidé par le professeur Phillipe CARDOT et composé des professeurs Franck SAINT-MARCOUX, directeur de thèse, Bertrand COURTIOUX, doyen de la faculté de pharmacie et du RUCHER ECOLE DE ROCAMADOUR, représenté par son président, lui a décerné à l’unanimité la mention « très bien ».

Des échantillons fournis par les adhérents du Rucher École de Rocamadour

Issus de 53 ruchers différents, bien répartis sur un vaste territoire couvrant le Nord du Lot, le Sud-Corrèze et l’Ouest-Dordogne, ce sont près de 200 échantillons de miel, d’abeilles, de pollen, de pain d’abeille, de cire et de produits de nourrissement qui ont pu être analysés à l’UF DE TOXICOLOGIE ENVIRONNEMENTALE ET SANTE AU TRAVAIL du CHU de LIMOGES, dirigée par le professeur Franck SAINT-MARCOUX.

L’UF de toxicologie environnementale et santé au travail. Un laboratoire de pointe du CHU de Limoges

Les très hautes performances des matériels d’analyse de cette unité de pointe, permettant la détection de molécules à de très faibles niveaux de concentration, ont mis en évidence des quantités non négligeables de pesticides dans les différentes matrices fournies par les adhérents du Rucher École de Rocamadour.
Grâce à des méthodes multi-résidus, plus de 320 molécules ont été recherchées. Parallèlement, deux autres méthodes ciblant 5 autres molécules, dont le glyphosate, ont été mises en œuvre.
Il faut souligner que les concentrations mesurées pour chaque molécule sont très faibles et bien inférieures aux LMR (limites maximales de résidus), notamment pour le miel écartant ainsi tout risque majeur pour le consommateur.

Si cette étude met en évidence que près d’une abeille sur deux est exposée à au moins un pesticide, les connaissances actuelles ne permettent pas de conclure sur les risques associés à cette présence. Toutefois il est fortement probable que l’accumulation de molécules chimiques dans les matrices de la ruche participe à la fragilité des colonies observée par les apiculteurs ces dernières années

Permettre une prise de conscience ?

Ces travaux viendront compléter deux études françaises réalisées au cours de la dernière décennie {Daniele et al. (2017); Chauzat et al. (2010)}
Ils permettront une meilleure compréhension de ce qui se passe dans nos colonies et leur environnement proche. Souhaitons également, qu’ils provoquent une prise de conscience permettant l’évolution de certaines pratiques, tant apicoles qu’agricoles, néfastes aux abeilles.

Pour le Rucher École de Rocamadour, une aventure passionnante, issue d’une improbable rencontre avec les professeurs Philippe CARDOT et Franck SAINT-MARCOUX et à laquelle les adhérents du rucher-école sont fiers de participer.

En attendant le « mode d’emploi » de ces travaux, et pour éviter toutes conclusions hâtives ou erronées, l’accès aux résultats est réservé aux seuls adhérents du RER qui peuvent les consulter dans leur espace adhérents.