La Chandeleur avant l’heure

Plus de 300 gaufres produites au cours de ces journées où les adhérents sont venus au rucher-école gaufrer leurs propres cires ou, quand ils en détenaient moins de 5kg, en la mutualisant avec celles d’autres adhérents.

Le gaufrage des cires est une étape importante de l’année apicole. Aussi, dans le cadre des prêts de matériels, le Rucher École de Rocamadour met à la disposition de ses adhérents 2 gaufriers à refroidissement par eau.

Quelques rappels :

La cire est produite par les glandes cirières de l’abeille. Les ouvrières possèdent huit glandes cirières situées sur la partie interne des sternites des 4ème, 5ème, 6ème et 7ème segments de l’abdomen.

L’importance des glandes cirières varie suivant l’âge de l’ouvrière. Elles atteignent leur maximum de développement vers le 12ème jour après la naissance puis commencent à décroître à partir du 18ème ou 19ème jour, jusqu’à la mort de l’abeille.

Pendant cette période, les écailles de cire produites par ces glandes sont malaxées par les mandibules. L’abeille y incorpore, à ce moment, un solvant d’origine salivaire qui rend son malaxage plus aisé. Ainsi triturée, l’écaille de cire entre dans la construction du rayon ou sert à l’operculation des alvéoles remplies de miel ou de couvain.

La production de cire demande aux abeilles une énergie considérable. En effet, pour produire 1 kg de cire, les abeilles devront consommer 7 à 8 kg de miel.
C’est pourquoi il nous paraît important que la valorisation de ce produit de la ruche entre dans les savoir-faire de l’apiculteur.

Abeille écailles de cire glandes cirières

Écailles de cire produites par les glandes cirières.

Composition de la cire :

Produit complexe, la cire comprend plusieurs centaines de composés parmi lesquels :

  • Des esters d’acides gras et d’alcools : 70 % ;
  • Des acides libres : 14 % ;
  • Des hydrocarbures : 12 % ;
  • Des alcools libres : 1,2 % ;
  • Des lactones : 0,5 % ;
  • De l’eau et d’autres substances : 2,3 %.

La cire est couramment utilisée dans la confection de bougies, d’encaustique ou en cosmétique pour ses vertus cicatrisantes et nourrissantes.

Dès le printemps,  l’apiculteur introduit des cadres de cire gaufrée qui serviront de base aux abeilles cirières pour bâtir et étirer les alvéoles destinées à recevoir les larves, le pollen et le miel.

Il faut renouveler et introduire des cires propres dans la ruche.

  • Pour des raisons d’hygiène, le renouvellement annuel de 2 à 3 cadres, à minima, est indispensable. Les agents pathogènes, les spores et les champignons trouvent dans les vieux cadres un terrain idéal pour se multiplier.
  • Au printemps, le renouvellement des cires permet également de lutter contre l’essaimage.

Un grand nombre d’apiculteurs amateurs ou professionnels utilisent des feuilles de « cire gaufrée », achetées dans le commerce.
La qualité ainsi que la traçabilité de certaines cires sont régulièrement décriées. De nombreuses analyses mettent en évidence la présence de substances d’adultération telles que la paraffine ou la stéarine, de divers produits toxiques comme des insecticides, fongicides et herbicides provenant des cultures, mais également d’amitraze, de coumaphos et  de tau-fluvalinate résultat des traitements anti-varroa pratiqués par les apiculteurs.

Il en ressort la nécessité d’une production autonome de cires gaufrées, gage d’une apiculture de qualité, saine et raisonnée.

Le gaufrage des cires en pratique.

Les matériels de gaufrage proposé en prêt aux adhérents du Rucher École de Rocamadour :

  • Une chaudière pour fondre la cire avec système de filtrage.
  • Deux stérilisateurs électriques pour maintenir la cire fondue à température constante.
  •  Deux gaufriers à refroidissement par eau.
  • De petits matériels complémentaires : thermomètre à sonde, gabarit, filtres fins, pinceaux, spatules, etc.

Chaque étape de la confection des cires gaufrées est importante.

La fonte des cires

Dans un premier temps, la cire est récupérée lors de la désoperculation des cadres de hausse, au moment de la récolte du miel. A ce stade, mélangée avec le miel, elle doit être parfaitement nettoyée avant fonte et gaufrage. La qualité, la tenue de la gaufre et l’encrassement du matériel en dépendent.

Elle peut être donnée à lécher aux abeilles (attention au pillage !) et/ou rincée à l’eau tiède avant d’être fondue.

Puis vient la fonte et la filtration.
Pour éliminer un maximum d’impuretés, il faut utiliser un filtre le plus fin possible. Un bas, légèrement tendu sur un cadre et disposé au dessus du moule, semble être une solution intéressante et peu couteuse.

Après avoir été fondue, filtrée et refroidie dans le moule, la cire est récupérée sous forme de blocs. Comme moule, un récipient en plastique, légèrement déformable et dans lequel on aura versé un fond d’eau, est parfaitement adapté. La cire n’étant pas miscible dans l’eau, elle ne collera pas au fond du récipient et sera facilement démoulable.

Les impuretés restantes (miel, pollen, propolis etc.), n’ayant pas la même densité que la cire, s’agglomèrent au fond du moule et se fixent sur le talon du bloc de cire solidifié que l’on doit éliminer en le découpant ou en le grattant.

Blocs de cire propre

Blocs de cire propre

Le gaufrage :

La cire d’abeille se présente comme un corps solide à la température ordinaire, cassante à une température inférieure à 18°C, mais devenant rapidement molle aux environs de 35 à 40°C. Son point de fusion se situe aux environs de 65°C.

Attention ! La cire s’enflamme à partir de 145°C.

Nous utilisons un stérilisateur électrique pour fondre les pains de cire filtrés et maintenir une température permettant un coulage homogène et efficace. La température idéale semble se situer autour de 80°C au thermostat de notre stérilisateur.

Une fois le système de refroidissement du gaufrier mis en route, on peut légèrement graisser les plaques de silicone pour faciliter le démoulage de la gaufre. Nous avons utilisé du savon noir très peu dilué, appliqué à l’aide d’un pinceau, pour cette lubrification; mais il aussi est possible d’utiliser de l’huile de cuisine (Le fabricant du gaufrier n’évoque pas la nécessité de cette étape mais elle nous paraît intéressante pour un démoulage plus facile)
Si vous optez pour le savon noir, il faut laisser sécher les feuilles de cires gaufrées et/ou de les essuyer avant l’emballage pour éviter tout risque de moisissure.

On coulera donc une louche de cire bien répartie sur la surface de la matrice (refroidie et lubrifiée) puis on rabattra la plaque supérieure en exerçant une pression pendant 20 secondes. Pour que la répartition se fasse de manière régulière sur toute la surface de la matrice, il faut réaliser ces 2 opérations rapidement et éviter de verser la louche de cire uniquement au centre. Nous avons constaté une meilleure répartition de la cire et donc une plus grande homogénéité  et solidité de la gaufre en versant la louche plutôt sur les deux tiers arrière de la matrice.

Il vaudra mieux une louche un peu trop pleine pour obtenir une gaufre compacte et uniforme. Le surplus débordera de toute façon par la face avant du moule, tombera dans le bac à eau et sera réutilisable.
Une petite quantité de cire se fige sur l’inox avant de tomber dans le bac, on peut la décoller très facilement  et rapidement tant que le capot est fermé avec une spatule. Ce surplus peut être refondu dans le stérilisateur mais nous vous conseillons de bien l’égoutter.

Attention ! L’eau introduite dans la cire fondue peut provoquer des éclaboussures et des risques de brulures.

Lorsqu’on soulève le capot du gaufrier après une vingtaine de secondes, la feuille de cire peut légèrement coller au silicone ( malgré la lubrification ), il faut être attentif, on peut aider au décollement avec précaution à l’aide d’une spatule en bois à bords arrondis ou avec la main pour ne pas risquer d’endommager, de manière irréversible, la matrice en silicone très fragile.

Il faut un peu de réglage dans toutes ces phases pour obtenir des gaufres solides et homogènes ( température de la cire fondue, lubrification, quantité de cire dans la louche, coulage et répartition à la surface de la matrice, pression et temps de refroidissement, attention au démoulage ).

Une fois ces réglages effectués l’opération devient assez simple et l’on peut trouver un rythme de production intéressant…

Les gaufres font un centaine de grammes, ce qui donne un ratio d’environ 9/10 gaufres pour 1 kg de cire.

Bien que le moule du gaufrier soit théoriquement calibré au format Dadant, nous avons constaté que les gaufres sont légèrement plus grandes que les cadres. Nous utilisons donc un gabarit pour les retailler à l’aide d’un cutter, les bavures de cires découpées sont  évidemment récupérées et refondues immédiatement.

Pour le stockage, si la température de la pièce est très chaude et que l’on empile les feuilles de cire elles peuvent coller les unes aux autres, au contraire, si la température de la pièce est très froide les gaufres deviennent cassantes.

Le gaufrage de la cire est une opération assez technique et délicate qui demande un certain savoir-faire et un peu d’expérience.
C’est pour cela que nous proposons à nos adhérents une formation et un accompagnement pour l’utilisation du matériel mis à leur disposition.

Dans votre espace adhérents vous :
  • Réserverez en ligne le matériel.
  • Trouverez le manuel d’utilisation du gaufrier.